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6Baudelaire, Les Petites Vieilles, v. 1 : « Dans les plis sinueux des vieilles capitales », Les Fleurs du Mal dans ƒuvres complĂštes, cit., I, p. 89. 7 Voir G. Robb, Baudelaire lecteur de Balzac, Corti, Paris, 1988. 8 Les Fleurs du Mal, cit., p. 92. LA BELLE ET LA BETTE 9 et d’élĂ©gance : « Une jeune femme, petite, svelte, jolie, mise avec une grande Ă©lĂ©gance, exhalant un parfum Et Ă  plusieurs reprises, la voirie sera Ă©voquĂ©e de façon mĂ©taphorique, tels les «plis sinueux des vieilles capitales » des «Petites Vieilles » (I, 89), ou le «labyrinthe fangeux » du «Vin des chiffonniers » (I, 106). La rue et le boulevard sont Ă  l’évidence peu visibles dans cette poĂ©sie. Or, l’invisibilitĂ© d’un Ă©lĂ©ment ne signifie pas pour autant son absence : Walter Fnac: Dans les plis sinueux des vieilles capitales, Sylvie Taussig, Galaade". . enhaut des falaises, beau dans les Ăźles lointaines. Il est beau au coin de la rue, dans les plis sinueux des vieilles capitales. Il est beau oĂč il y a du calcaire et beau oĂč il y a du granit. Sa splen-deur est sans limites. La route est longue, cependant, avant de pouvoir chanter Ă  voix haute un allĂ©luia. Une vie d’efforts n’y Onpense aux rĂ©seaux urbains : les mĂ©tropolitains, les tramways, les routes, qui font de la ville une sorte de labyrinthe pour reprendre les termes de Baudelaire qui dans les petites vieilles fait allusion Ă  ce mouvement de la ville «dans les plis sinueux des vieilles capitales La ville est un vaste tourbillon. Ainsi Kafka, s'est inspirĂ© du tramway de Prague, Starstruck Rencontre Avec Une Star Vf. Charles Baudelaire Avec la parution de ses Fleurs du Mal, en 1857, Baudelaire Ă©cope d'un procĂšs pour atteinte aux bonnes mƓurs. Il sera condamnĂ© Ă  payer une amende de 300 francs et contraint de retirer six ... [+] À VICTOR HUGOIDans les plis sinueux des vieilles capitales,OĂč tout, mĂȘme l’horreur, tourne aux enchantements,Je guette, obĂ©issant Ă  mes humeurs fatales,Des ĂȘtres singuliers, dĂ©crĂ©pits et monstres disloquĂ©s furent jadis des femmes,Éponine ou LaĂŻs ! – Monstres brisĂ©s, bossusOu tordus, aimons-les ! ce sont encor des des jupons trouĂ©s et sous de froids tissusIls rampent, flagellĂ©s par les bises iniques,FrĂ©missant au fracas roulant des omnibus,Et serrant sur leur flanc, ainsi que des reliques,Un petit sac brodĂ© de fleurs ou de rĂ©bus ;Ils trottent, tout pareils Ă  des marionnettes ;Se traĂźnent, comme font les animaux blessĂ©s, Ou dansent, sans vouloir danser, pauvres sonnettesOĂč se pend un DĂ©mon sans pitiĂ© ! Tout cassĂ©sQu’ils sont, ils ont des yeux perçants comme une vrille,Luisants comme ces trous oĂč l’eau dort dans la nuit ;Ils ont les yeux divins de la petite filleQui s’étonne et qui rit Ă  tout ce qui reluit.– Avez-vous observĂ© que maints cercueils de vieillesSont presque aussi petits que celui d’un enfant ?La Mort savante met dans ces biĂšres pareillesUn symbole d’un goĂ»t bizarre et captivant,Et lorsque j’entrevois un fantĂŽme dĂ©bileTraversant de Paris le fourmillant tableau,Il me semble toujours que cet ĂȘtre fragileS’en va tout doucement vers un nouveau berceau ;À moins que, mĂ©ditant sur la gĂ©omĂ©trie,Je ne cherche, Ă  l’aspect de ces membres discords,Combien de fois il faut que l’ouvrier varieLa forme de la boĂźte oĂč l’on met tous ces corps.– Ces yeux sont des puits faits d’un million de larmes,Des creusets qu’un mĂ©tal refroidi pailleta...Ces yeux mystĂ©rieux ont d’invincibles charmesPour celui que l’austĂšre Infortune allaita ! IIDe l’ancien Frascati Vestale enamourĂ©e ;PrĂȘtresse de Thalie, hĂ©las ! dont le souffleurDĂ©funt, seul, sait le nom ; cĂ©lĂšbre Ă©vaporĂ©eQue Tivoli jadis ombragea dans sa fleur,Toutes m’enivrent ! mais parmi ces ĂȘtres frĂȘlesIl en est qui, faisant de la douleur un miel,Ont dit au DĂ©vouement qui leur prĂȘtait ses ailes Hippogriffe puissant, mĂšne-moi jusqu’au ciel ! »L’une, par sa patrie au malheur exercĂ©e,L’autre, que son Ă©poux surchargea de douleurs,L’autre, par son enfant Madone transpercĂ©e,Toutes auraient pu faire un fleuve avec leurs pleurs !IIIAh ! que j’en ai suivi, de ces petites vieilles !Une, entre autres, Ă  l’heure oĂč le soleil tombantEnsanglante le ciel de blessures vermeilles,Pensive, s’asseyait Ă  l’écart sur un banc,Pour entendre un de ces concerts, riches de cuivre,Dont les soldats parfois inondent nos jardins, Et qui, dans ces soirs d’or oĂč l’on se sent revivre,Versent quelque hĂ©roĂŻsme au cƓur des droite encor, fiĂšre et sentant la rĂšgle,Humait avidement ce chant vif et guerrier ;Son Ɠil parfois s’ouvrait comme l’Ɠil d’un vieil aigle ;Son front de marbre avait l’air fait pour le laurier !IVTelles vous cheminez, stoĂŻques et sans plaintes,À travers le chaos des vivantes citĂ©s,MĂšres au cƓur saignant, courtisanes ou saintes,Dont autrefois les noms par tous Ă©taient qui fĂ»tes la grĂące ou qui fĂ»tes la gloire,Nul ne vous reconnaĂźt ! un ivrogne incivilVous insulte en passant d’un amour dĂ©risoire ;Sur vos talons gambade un enfant lĂąche et d’exister, ombres ratatinĂ©es,Peureuses, le dos bas, vous cĂŽtoyez les murs ;Et nul ne vous salue, Ă©tranges destinĂ©es !DĂ©bris d’humanitĂ© pour l’éternitĂ© mĂ»rs !Mais moi, moi qui de loin tendrement vous surveille,L’Ɠil inquiet, fixĂ© sur vos pas incertains, Tout comme si j’étais votre pĂšre, ĂŽ merveille !Je goĂ»te Ă  votre insu des plaisirs clandestins Je vois s’épanouir vos passions novices ;Sombres ou lumineux, je vis vos jours perdus ;Mon cƓur multipliĂ© jouit de tous vos vices !Mon Ăąme resplendit de toutes vos vertus !Ruines ! ma famille ! ĂŽ cerveaux congĂ©nĂšres !Je vous fais chaque soir un solennel adieu !OĂč serez-vous demain, Èves octogĂ©naires,Sur qui pĂšse la griffe effroyable de Dieu ? À Victor Hugo. I. Dans les plis sinueux des vieilles capitales, OĂč tout, mĂȘme l'horreur, tourne aux enchantements, Je guette, obĂ©issant Ă  mes humeurs fatales Des ĂȘtres singuliers, dĂ©crĂ©pits et charmants. Ces monstres disloquĂ©s furent jadis des femmes, Éponine ou LaĂŻs ! Monstres brisĂ©s, bossus Ou tordus, aimons-les ! ce sont encor des Ăąmes. Sous des jupons trouĂ©s et sous de froids tissus Ils rampent, flagellĂ©s par les bises iniques, FrĂ©missant au fracas roulant des omnibus, Et serrant sur leur flanc, ainsi que des reliques, Un petit sac brodĂ© de fleurs ou de rĂ©bus ; Ils trottent, tout pareils Ă  des marionnettes ; Se traĂźnent, comme font les animaux blessĂ©s, Ou dansent, sans vouloir danser, pauvres sonnettes OĂč se pend un DĂ©mon sans pitiĂ© ! Tout cassĂ©s Qu'ils sont, ils ont des yeux perçants comme une vrille, Luisants comme ces trous oĂč l'eau dort dans la nuit ; Ils ont les yeux divins de la petite fille Qui s'Ă©tonne et qui rit Ă  tout ce qui reluit. - Avez-vous observĂ© que maints cercueils de vieilles Sont presque aussi petits que celui d'un enfant ? La Mort savante met dans ces biĂšres pareilles Un symbole d'un goĂ»t bizarre et captivant, Et lorsque j'entrevois un fantĂŽme dĂ©bile Traversant de Paris le fourmillant tableau, Il me semble toujours que cet ĂȘtre fragile S'en va tout doucement vers un nouveau berceau ; A moins que, mĂ©ditant sur la gĂ©omĂ©trie, Je ne cherche, Ă  l'aspect de ces membres discords, Combien de fois il faut que l'ouvrier varie La forme de la boĂźte oĂč l'on met tous ces corps. - Ces yeux sont des puits faits d'un million de larmes, Des creusets qu'un mĂ©tal refroidi pailleta... Ces yeux mystĂ©rieux ont d'invincibles charmes Pour celui que l'austĂšre Infortune allaita ! II. De Frascati dĂ©funt Vestale enamourĂ©e ; PrĂȘtresse de Thalie, hĂ©las ! dont le souffleur EnterrĂ© sait le nom ; cĂ©lĂšbre Ă©vaporĂ©e Que Tivoli jadis ombragea dans sa fleur, Toutes m'enivrent ; mais parmi ces ĂȘtres frĂȘles Il en est qui, faisant de la douleur un miel Ont dit au DĂ©vouement qui leur prĂȘtait ses ailes Hippogriffe puissant, mĂšne-moi jusqu'au ciel ! L'une, par sa patrie au malheur exercĂ©e, L'autre, que son Ă©poux surchargea de douleurs, L'autre, par son enfant Madone transpercĂ©e, Toutes auraient pu faire un fleuve avec leurs pleurs ! III. Ah ! que j'en ai suivi de ces petites vieilles ! Une, entre autres, Ă  l'heure oĂč le soleil tombant Ensanglante le ciel de blessures vermeilles, Pensive, s'asseyait Ă  l'Ă©cart sur un banc, Pour entendre un de ces concerts, riches de cuivre, Dont les soldats parfois inondent nos jardins, Et qui, dans ces soirs d'or oĂč l'on se sent revivre, Versent quelque hĂ©roĂŻsme au coeur des citadins. Celle-lĂ , droite encor, fiĂšre et sentant la rĂšgle, Humait avidement ce chant vif et guerrier ; Son oeil parfois s'ouvrait comme l'oeil d'un vieil aigle ; Son front de marbre avait l'air fait pour le laurier ! IV. Telles vous cheminez, stoĂŻques et sans plaintes, A travers le chaos des vivantes citĂ©s, MĂšres au coeur saignant, courtisanes ou saintes, Dont autrefois les noms par tous Ă©taient citĂ©s. Vous qui fĂ»tes la grĂące ou qui fĂ»tes la gloire, Nul ne vous reconnaĂźt ! un ivrogne incivil Vous insulte en passant d'un amour dĂ©risoire ; Sur vos talons gambade un enfant lĂąche et vil. Honteuses d'exister, ombres ratatinĂ©es, Peureuses, le dos bas, vous cĂŽtoyez les murs ; Et nul ne vous salue, Ă©tranges destinĂ©es ! DĂ©bris d'humanitĂ© pour l'Ă©ternitĂ© mĂ»rs ! Mais moi, moi qui de loin tendrement vous surveille, L'oeil inquiet, fixĂ© sur vos pas incertains, Tout comme si j'Ă©tais votre pĂšre, ĂŽ merveille ! Je goĂ»te Ă  votre insu des plaisirs clandestins Je vois s'Ă©panouir vos passions novices ; Sombres ou lumineux, je vis vos jours perdus ; Mon coeur multipliĂ© jouit de tous vos vices ! Mon Ăąme resplendit de toutes vos vertus ! Ruines ! ma famille ! ĂŽ cerveaux congĂ©nĂšres ! Je vous fais chaque soir un solennel adieu ! OĂč serez-vous demain, Èves octogĂ©naires, Sur qui pĂšse la griffe effroyable de Dieu ? Charles Baudelaire Vieillesse Hommage Ă  Dominique Rolin, Le N° 145 de l’Infini, Automne 2019, rassemble sous le titre Dominique Rolin, La vie est une offrande » de prĂ©cieux textes de l’écrivaine, disparue en 2012. Parmi ceux-ci, la version intĂ©grale des Petites vieilles » de Charles Baudelaire, un poĂšme qui la relie Ă  sa mĂšre, Ă  son enfance. D. R. nous dit ce qu’il reprĂ©sentait pour elle. Ce poĂšme fait partie des Tableaux parisiens, des Fleurs du mal. Il a Ă©tĂ© mis en musique par Georges Chelon, en 2009. Texte de Charles Baudelaire Les Fleurs du mal mis en musique par Georges Chelon, CD intĂ©gral 2009 XCI. - LES PETITES VIEILLES » A Victor Hugo Charles Baudelaire I Dans les plis sinueux des vieilles capitales, OĂč tout, mĂȘme l’horreur, tourne aux enchantements, Je guette, obĂ©issant Ă  mes humeurs fatales, Des ĂȘtres singuliers, dĂ©crĂ©pits et charmants. Ces monstres disloquĂ©s furent jadis des femmes, Éponine ou LaĂŻs ! Monstres brisĂ©s, bossus Ou tordus, aimons-les ! ce sont encor des Ăąmes. Sous des jupons trouĂ©s et sous de froids tissus Ils rampent, flagellĂ©s par des bises iniques, FrĂ©missant au fracas roulant des omnibus, Et serrant sur leur flanc, ainsi que des reliques, Un petit sac brodĂ© de fleurs ou de rĂ©bus ; Ils trottent, tout pareils Ă  des marionnettes ; Se traĂźnent, comme font les animaux blessĂ©s, Ou dansent, sans vouloir danser, pauvres sonnettes OĂč se pend un DĂ©mon sans pitiĂ© ! Tout cassĂ©s Qu’ils sont, ils ont des yeux perçants comme une vrille, Luisants comme ces trous oĂč l’eau dort dans la nuit ; Ils ont les yeux divins de la petite fille Qui s’étonne et qui rit Ă  tout ce qui reluit. - Avez-vous observĂ© que maints cercueils de vieilles Sont presque aussi petits que celui d’un enfant ? La Mort savante met dans ces biĂšres pareilles Un symbole d’un goĂ»t bizarre et captivant, Et lorsque j’entrevois un fantĂŽme dĂ©bile Traversant de Paris le fourmillant tableau, Il me semble toujours que cet ĂȘtre fragile S’en va tout doucement vers un nouveau berceau ; À moins que, mĂ©ditant sur la gĂ©omĂ©trie, Je ne cherche, Ă  l’aspect de ces membres discords, Combien de fois il faut que l’ouvrier varie La forme de la boĂźte oĂč l’on met tous ces corps. - Ces yeux sont des puits faits d’un million de larmes, Des creusets qu’un mĂ©tal refroidi pailleta... Ces yeux mystĂ©rieux ont d’invincibles charmes Pour celui que l’austĂšre Infortune allaita ! II De Frascati dĂ©funt Vestale enamourĂ©e ; PrĂȘtresse de Thalie, hĂ©las ! dont le souffleur EnterrĂ© sait le nom ; cĂ©lĂšbre Ă©vaporĂ©e Que Tivoli jadis ombragea dans sa fleur, Toutes m’enivrent ; mais parmi ces ĂȘtres frĂȘles Il en est qui, faisant de la douleur un miel, Ont dit au DĂ©vouement qui leur prĂȘtait ses ailes Hippogriffe puissant, mĂšne-moi jusqu’au ciel ! L’une, par sa patrie au malheur exercĂ©e, L’autre, que son Ă©poux surchargea de douleurs, L’autre, par son enfant Madone transpercĂ©e, Toutes auraient pu faire un fleuve avec leurs pleurs ! III Ah ! que j’en ai suivi de ces petites vieilles ! Une, entre autres, Ă  l’heure oĂč le soleil tombant Ensanglante le ciel de blessures vermeilles, Pensive, s’asseyait Ă  l’écart sur un banc, Pour entendre un de ces concerts, riches de cuivre, Dont les soldats parfois inondent nos jardins, Et qui, dans ces soirs d’or oĂč l’on se sent revivre, Versent quelque hĂ©roĂŻsme au cƓur des citadins. Celle-lĂ , droite encor, fiĂšre et sentant la rĂšgle, Humait avidement ce chant vif et guerrier ; Son Ɠil parfois s’ouvrait comme l’Ɠil d’un vieil aigle ; Son front de marbre avait l’air fait pour le laurier ! IV Telles vous cheminez, stoĂŻques et sans plaintes, A travers le chaos des vivantes citĂ©s, MĂšres au cƓur saignant, courtisanes ou saintes, Dont autrefois les noms par tous Ă©taient citĂ©s. Vous qui fĂ»tes la grĂące ou qui fĂ»tes la gloire, Nul ne vous reconnaĂźt ! un ivrogne incivil Vous insulte en passant d’un amour dĂ©risoire ; Sur vos talons gambade un enfant lĂąche et vil. Honteuses d’exister, ombres ratatinĂ©es, Peureuses, le dos bas, vous cĂŽtoyez les murs ; Et nul ne vous salue, Ă©tranges destinĂ©es ! DĂ©bris d’humanitĂ© pour l’éternitĂ© mĂ»rs ! Mais moi, moi qui de loin tendrement vous surveille, L’Ɠil inquiet, fixĂ© sur vos pas incertains, Tout comme si j’étais votre pĂšre, ĂŽ merveille ! Je goĂ»te Ă  votre insu des plaisirs clandestins Je vois s’épanouir vos passions novices ; Sombres ou lumineux, je vis vos jours perdus ; Mon cƓur multipliĂ© jouit de tous vos vices ! Mon Ăąme resplendit de toutes vos vertus ! Ruine ! ma famille ! ĂŽ cerveaux congĂ©nĂšres ! Je vous fais chaque soir un solennel adieu ! OĂč serez-vous demain, Èves octogĂ©naires, Sur qui pĂšse la griffe effroyable de Dieu ? * Ma mĂšre, qui Ă©tait professeur de diction, nous faisait rĂ©citer par cƓur toutes sortes de poĂ©sies, donr les petites vieilles » de Charles Baudelaire. J’ai su ce poĂšme Ă  12 ans. À 18 ans, je l’ai Ă©tudiĂ© Ă  fond et il ne m’a jamais quittĂ©e. RĂ©cemment, tout d’un coup, aprĂšs une nuit sombre, il m’est revenu intĂ©gralement, dans cet intervalle si particulier entre le rĂȘve et le rĂ©veil. J’ai pu le murmurer pour moi seule jusqu’au bout, comme il m’était arrivĂ© de le faire trĂšs souvent auparavant. C’est tout de mĂȘme trĂšs curieux que ces petites vieilles » aient pu impressionner Ă  ce point l’enfant que j’étais. Mais c’est un fait ce poĂšme m’a laissĂ© des marques violentes et inscrites Ă  vif dans ma mĂ©moire pour toujours. Le cĂŽtĂ© tragique de l’existence ne m’a pourtant jamais impressionnĂ©e, ni la vieil-lesse ni la mort qui rĂ©duit l’ĂȘtre humain Ă  une poignĂ©e de rĂ©sidus qu’on enfouit dans la terre comme si cet acte pouvait faire disparaĂźtre l’ñme des choses de la vie... Je m’y refuse absolument, car cela sonne faux. Je suis sauvĂ©e par les poĂšmes ! Ils sont chargĂ©s de cette forme d’existence sans chair, mais riches d’une soliditĂ© et d’une possibilitĂ© d’action sur le rĂ©el sans commune mesure avec le tout-venant de l’existence. Un poĂšme, c’est d’abord une musique qui s’invite sur la terre, dans la voix de ma mĂšre, sur ma peau alors toute juvĂ©nile. Au moment de penser Ă  la rĂ©alisation de ce livre [1] il est venu s’imposer Ă  moi avec une force et une vĂ©ritĂ© impossibles Ă  repousser. Il fait partie de mon Ăąme et de mon corps. En vous le lisant Ă  haute voix, je sais qu’il s’intĂšgre aussi Ă  votre Ăąme et Ă  votre corps. Il circule entre nous... Vous qui avez la plume Ă  la main et que je regarde avec affection, moi qui suis dans l’obligation de rendre compte de ma mĂ©moire rythmĂ©e par ce poĂšme cruel, terrible et tellement beau. Vous prenez des notes sur ce que je viens de dire, et ce livre que nous construisons ensemble sort comme s’il Ă©manait Ă  la fois de votre peau Ă©clairĂ©e par le soleil qui entre dans la piĂšce et de votre dĂ©sir d’en faire un bloc original, autant que de ma volontĂ© tendue vers la rĂ©ussite d’un objet fidĂšle Ă  ce que je suis. Ce sont nos atouts premiers ! Ce poĂšme est splendide dans la violence mĂȘme de son rythme, et il faut s’en servir Ă  la maniĂšre d’une succession de coups de poing sur la table gui rendraient possible la recrĂ©ation de cette Ă©criture aujourd’hui. Je rĂȘve Ă  nouveau beaucoup, mais d’une maniĂšre plus diluĂ©e qu’auparavant... Certains de mes rĂȘves sont horribles. Je perds ma maison, je n’ai plus personne autour de moi, je marche sans savoir oĂč je vais dormir. C’est triste, difficile Ă  supÂŹporter... Au moment oĂč je sortais de ma nuit, pourquoi ce poĂšme-lĂ  parmi tous les autres a-t-il surgi avec une prĂ©cision telle que tout est devenu plus rassurant autour de moi ? Je crois qu’il m’incite Ă  me rapprocher de ce cĂŽtĂ© de la vie que chacun essaie de taire en soi ou d’enfouir dans le rythme de la journĂ©e oĂč l’on se sent incapable de l’affronter. A VICTOR HUGO Il n’est pas anodin que Les Petites Vieilles », un des quelques poĂšmes dĂ©dicacĂ©s des Fleurs du Mal, soit adressĂ© Ă  Victor Hugo. Ce n’est pas ici au proscrit illustre que Baudelaire rend hommage comme dans Le Cygne », mais bien plutĂŽt au dĂ©fenseur des humbles et des marginaux, qui n’a cessĂ© de proclamer l’universel droit d’ĂȘtre aimĂ©. Baudelaire ne cache pas que c’est cette charitĂ© hugolienne qui imprĂšgne son poĂšme le texte, Ă©crit-il Ă  Hugo en 1859, a Ă©tĂ© fait en vue de vous imiter riez de ma fatuitĂ©, j’en ris moi-mĂȘme, aprĂšs avoir relu quelques piĂšces de vos recueils, oĂč une charitĂ© si magnifique se mĂȘle Ă  une familiaritĂ© si touchante ». Les petites vieilles » on reviendra sur cet adjectif ont la grandeur des petits que Hugo a cĂ©lĂ©brĂ©e dans ses poĂšmes, en accord avec le titre du plus long poĂšme des Contemplations Magnitudo Parvi ». Les figures de vieillards sont du reste lĂ©gion dans l’Ɠuvre de Hugo, le grotesque thĂ©orisĂ© par Hugo a sa place dans bien des vers des Petites Vieilles » et, enfin, les mĂ©ditations de Baudelaire sur la proximitĂ© du cercueil et du berceau ont une certaine rĂ©sonance hugolienne – Hugo n’écrit-il pas dans la prĂ©face des Contemplations qu’il peint l’existence humaine sortant de l’énigme du berceau et aboutissant Ă  l’énigme du cercueil » ? Mais l’admiration de Baudelaire pour Hugo est loin d’ĂȘtre sans rĂ©serves, et quelque imprĂ©gnĂ© qu’il soit d’accents hugoliens, Les Petites Vieilles » reste un poĂšme profondĂ©ment baudelairien. Paris est la capitale infĂąme » effrayante et captivante que ne cesse de chanter Baudelaire ; le sarcasme se mĂȘle au pathos, sans nĂ©anmoins l’annuler ; la transfiguration des petites vieilles rĂ©pond au projet de faire fleurir » le mal. S’il y a identification avec les petites vieilles », ce n’est pas seulement au nom de la sympathie pour les humbles, c’est parce que ces silhouettes tordues et rampantes sont l’image de ce dĂ©classĂ© dĂ©risoire, de cet ĂȘtre informe et dĂ©chu – bien Ă©loignĂ© du mage hugolien – qu’est le poĂšte. Nous Ă©tudierons la premiĂšre des quatre sections du poĂšme, oĂč le portrait des petites vieilles s’ébauche essentiellement Ă  partir de deux Ă©lĂ©ments Ă  valeur emblĂ©matique leur dĂ©marche et leur regard. Le poĂšte insiste sur la trouble fascination que les femmes disgraciĂ©es exercent sur lui v. 1-7, dĂ©crit l’allure dĂ©sarticulĂ©e de ces pauvres ĂȘtres cheminant dans la ville v. 8-16 et enfin puise dans leur regard les liens qu’elles entretiennent avec le monde de l’enfance v. 16-36. Les petites vieilles » le titre, malgrĂ© sa simplicitĂ©, mĂ©rite l’attention. [
] Au-delĂ  de sa valeur hypocoristique, l’adjectif petite prend un sens profond dans Les Petites Vieilles » d’abord parce que ces fantĂŽmes fĂ©minins font partie des Petits » cĂ©lĂ©brĂ©s par Hugo une section de la LĂ©gende des SiĂšcles s’appellera Les Petits », ensuite parce que la petitesse de ces femmes ratatinĂ©es fait l’objet de certaines des plus belles strophes du poĂšme, avec la comparaison de la petite vieille » Ă  une petite fille », et la mĂ©ditation sur les minuscules cercueils qui seront bĂątis pour ces ĂȘtres fragiles ». Nicolas FrĂ©ry extrait Je suis trĂšs ĂągĂ©e, je n’ai plus tellement de temps Ă  vivre. Or, j’aime la vie et je continue Ă  l’aimer malgrĂ© le travail de la mort qui est un calvaire. Je perds mon indĂ©pendance physique et je dois m’adapter aux difficultĂ©s de la dĂ©pendance qui affectent ma maniĂšre de mouvoir bras et jambes. Mais le mystĂšre, ce n’est pas la mort, c’est la vie qui ne se laisse pas approcher de l’ĂȘtre si facilement, mĂȘme si l’on arrive comme moi Ă  ce moment oĂč tout va s’arrĂȘter. Jusqu’au bout reste ce besoin d’avoir un corps vivant qui vous double jour et nuit pour vous garder intact. Ce poĂšme est magnifique, parce qu’on a l’impression que Baudelaire porte en lui des messages secrets qu’il transmet dans son Ɠuvre Ă  travers ces vers tordus, mĂ©chants, violents... Il y a en effet, surplombant tout, une vitalitĂ© et une foi dans la beautĂ© qui existe en parallĂšle Ă  la brutalitĂ© du spectacle de ces petites vieilles » abandonnĂ©es dans la ville. Baudelaire nous prĂ©vient contre le dĂ©sespoir. J’estime que quand nous parlons, nous employons des mots beaux, articulĂ©s, significatifs, qui sont Ă  la disposition de tout ĂȘtre humain, mais qui n’ont peut-ĂȘtre jamais Ă©tĂ© employĂ©s comme ils le sont en ce moment, alors que le ciel bleuit et que le soleil entre en grand dans mon intĂ©rieur... C’est un poĂšme en soi. Lorsque j’ai dĂ» trouver un endroit oĂč vivre Ă  Paris en 1959, j’avais dit Ă  l’agent immobilier, j’exige un appartement qui soit au soleil ». Il m’avait alors rĂ©pondu avec une Ă©pouvantable voix de vendeur de soupe, ah, mais vous savez, le soleil est une denrĂ©e rare ! », comme s’il s’agissait d’un luxe absolu. Je suis trĂšs sensible aux voix, elles disent tout. Ma mĂšre avait une trĂšs jolie voix. Elle avait connu Sarah Bernhardt, dont la voix nous paraĂźt aujourd’hui trĂšs datĂ©e, et elle gardait des souvenirs trĂšs prĂ©cis de cette intrusion heureuse par le gĂ©nie de la voix, ce gĂ©nie de la comprĂ©hension cachĂ©e d’un poĂšme, parce qu’on ne sait pas toujours ce qu’on lit quand on lit. Baudelaire est un trĂšs grand poĂšte qui vit dans son Ă©poque, avec ses joies et ses horreurs. Il voit tout, il sent tout. Quand je le redĂ©couvre Ă  voix haute, je retrouve mes sensations intactes et violentes, et c’est dĂ©chirant. Au moment des obsĂšques de Jean-Paul II, je me souviens avoir regardĂ© la cĂ©rĂ©-monie Ă  la tĂ©lĂ©vision et en avoir Ă©tĂ© trĂšs Ă©mue, en Ă©prouvant aussi cette sensation de dĂ©chirement. Il faisait plein soleil, pas de vent ni de menaces. Toue Ă©tait libĂ©rĂ© pour le spectacle, avec toute la pompe du Vatican, et posĂ© Ă  mĂȘme le sol, ce cercueil en bois tout simple, au centre. Il y avait un ocĂ©an de visages serrĂ©s les uns contre les autres, des drapeaux, tous ces habits ecclĂ©siastiques chatoyants dans la lumiĂšre, et la beautĂ© surhumaine contenue dans l’ñme, le cƓur et le corps de celui qui repoÂŹsait lĂ , comme un pauvre. Je me suis sentie brisĂ©e et reconstruite autrement, dans un sens de moi-mĂȘme que je n’avais jamais espĂ©rĂ©. Tout m’était donnĂ© et tout Ă©tait recouvert ce jour-lĂ  par la prĂ©sence charnelle de la foi. C’était la chair de la tendresse pour le Christ, une admiration et une concentration infinies. Au milieu des photographes circulant en grappe, la prĂ©sence de ce vieux pape arrĂȘtĂ©e sur une image splendide comme dans un tableau. Chaque ĂȘtre humain est une direction. Ce que je regardais constituait pour moi seule un acquis que je volais Ă  ma propre mort et un ensemble inaltĂ©rable et joyeux. Tout Ă©tait Ă  prendre. Il s’agissait d’une fĂȘte, non seulement religieuse, mais aussi mentale, morale et esthĂ©tique. Comme pour un printemps nouveau. J’ai pour m’accompagner, en poĂ©sie et dans la vie telle que je la rĂȘve, tout un monde fulminant d’impressions parfois contradictoires... Contre la griffe effroyable de Dieu » de la fin du poĂšme de Baudelaire, la foi en l’amour bagarreur du poĂšte qui Ă©loigne la mort. oOo ï»żDescription Dans les plis sinueux des vieilles capitalesLivre d'occasion Ă©crit par Taussig, Sylvieparu en 2012 aux Ă©ditions Editions LITTÉRATURE GÉNÉRALE - Romans - Romans francophonesCode ISBN / EAN La photo de couverture n’est pas contractuelle. En lire plus Commentaires sur l'Ă©tat tranche lĂ©gĂšrement salie Etat TrĂšs bon Ă©tat Auteur Taussig, sylvie Editions Editions galaade AnnĂ©e 2012 Langue Français Format Moyen ISBN 9782351761717 À propos de la boutique BibliothĂšques Sans FrontiĂšres 66 avenue du patis - ZA de la couronne des prĂšs 78680 Epone Bienvenue sur la boutique en ligne de BibliothĂšques Sans FrontiĂšres ! Romans, essais, littĂ©rature jeunesse, livres d'art ou de cuisine... redonnez une seconde vie aux livres et faites un geste ... [Lire la suite] Les Garanties Label EmmaĂŒs Paiement sĂ©curisĂ© Label EmmaĂŒs vous procure une expĂ©rience d’achat en ligne sĂ©curisĂ©e grĂące Ă  la technologie Hipay et aux protocoles 3D Secure et SSL. Satisfait ou remboursĂ© Nous nous engageons Ă  vous rembourser tout objet qui ne vous satisferait pas dans un dĂ©lai de 14 jours Ă  compter de la rĂ©ception de votre commande. PRIX ÉTAT VENDU PAR FERMER Ça va vous plaire Voici une sĂ©lection de produits similaires TABLE DES MATIERES Chapitre 1. INTRODUCTION 2. PRESENTATION ET ANALYSE DU POEME LES FENETRES » DE CHARLES BAUDELAIRE 3. PRESENTATION ET ANALYSE DU POEME LES FENETRES » DE STÉPHANE MALLARMÉ 4. PRESENTATION ET ANALYSE DU POEME LES FENETRES » DE GUILLAUME APPOLINAIRE 5. PRESENTATION ET ANALYSE DU POEME LES FENETRES » DE MARIE KRYSINSKA 6. ETUDE COMPARATIVE DES QUATRE POEMES L’unitĂ© et les diffĂ©rences thĂ©matiques dans les quatre poĂšmes L’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© gĂ©nĂ©rique et stylistique des quatre poĂšmes Les quatre poĂšmes et l’évolution des formes poĂ©tiques entre symbolisme et futurisme/surrĂ©alisme. 7. L’ORIGINALITE DE L’ƒUVRE DE KRYSINSKA ET L’ORIGINE DU VERS LIBRE 8. CONCLUSIONS BIBLIOGRAPHIE ANNEXES CHAPITRE 1 INTRODUCTION Charles Baudelaire 1821-1867, StĂ©phane MallarmĂ© 1842 -1898, Marie Krysinska 1857-1908 et Guillaume Apollinaire 1880-1918 ont pris pour thĂšme Les fenĂȘtres » dans leur poĂ©sie. Cette thĂ©matique commune est le point de dĂ©part de cette Ă©tude comparative et intertextuelle Ă  partir des quatre poĂšmes suivants 1 Les fenĂȘtres » de Charles Baudelaire dans Le Spleen de Paris XXXV, 1869. 2 Les fenĂȘtres » de StĂ©phane MallarmĂ© dans Le Parnasse Contemporain, 1863/66. 3 Les fenĂȘtres » de Marie Krysinska dans Rythmes Pittoresques, 1890. 4 Les fenĂȘtres » de Guillaume Apollinaire dans Calligrammes, 1913-1916.[1] Nous chercherons Ă  souligner ce qui distingue ces quatre textes en suivant l’évolution des formes poĂ©tiques entre Baudelaire et les dĂ©buts du symbolisme et le futurisme/surrĂ©alisme. Le thĂšme commun Les fenĂȘtres » permet en effet de mieux mettre en valeur l’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© formelle qui sĂ©pare ces diffĂ©rentes voies poĂ©tiques » avec Baudelaire, la nouveautĂ© du poĂšme en prose ; avec MallarmĂ©, le renouvellement symboliste d’une forme plus classique ; avec Apollinaire, une forme simultanĂ©iste inspirĂ©e du futurisme. Nous ne traitons pas du poĂšme de Krysinska dans l'ordre chronologique pour deux raisons. La premiĂšre est que cette Ă©tude porte avant tout sur les aspects thĂ©matiques et formels ainsi que sur les diffĂ©rences gĂ©nĂ©riques et stylistiques qui distinguent ces quatre poĂšmes. Chaque poĂšme fera l’objet d’une introduction, puis d’une analyse chapitres 2, 3, 4 et 5. Le chapitre 6 de l’étude prĂ©sentera le contraste entre l’unitĂ© thĂ©matique des quatre poĂšmes et leur hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© formelle. Ce contraste permet de mieux comprendre l’évolution des formes poĂ©tiques entre symbolisme et futurisme/surrĂ©alisme. La deuxiĂšme raison est que nous chercherons Ă  mettre en valeur l’originalitĂ© du poĂšme de Krysinska. Si les trois autres poĂšmes sont dĂ©jĂ  trĂšs connus et ont fait l'objet d'Ă©tudes comparatives.[2]En revanche celui de Krysinska n'est dans ce cadre jamais mentionnĂ©. En outre, son Ɠuvre n’a guĂšre retenu l’attention de la critique. Dans le chapitre 7, nous traiterons enfin de la question de l’origine du vers libre dans la poĂ©sie française dont l'invention est l'objet de maintes controverses. On Ă©tudiera l'apport de Marie Krysinska et le rĂŽle significatif qu'elle a pu jouer dans l'avĂ©nement de cette nouvelle forme. Contre le discours officiel, elle s'est en effet prĂ©sentĂ©e comme l’inventrice du genre. CHAPITRE 2 PRESENTATION ET ANALYSE DU POEME DE CHARLES BAUDELAIRE Les fenĂȘtres » par Charles Baudelaire Introduction Le poĂšme en prose Les fenĂȘtres » par Charles Baudelaire se trouve dans le recueil Le spleen de Paris petits poĂšmes en prose.[3]Il fut tout d’abord publiĂ© le 10 dĂ©cembre 1863 dans la Revue nationale et Ă©trangĂšre.[4]L’ensemble des poĂšmes en prose ne sera publiĂ© pour la premiĂšre fois qu’en 1869 dans le tome IV des ƒuvres complĂštes du poĂšte, deux ans aprĂšs sa mort.[5] Le poĂšme et la poĂ©sie de la ModernitĂ© C’est en 1857 que Baudelaire songe Ă  un recueil de textes en prose.[6]Dans une lettre Ă  ArsĂšne Houssaye, Baudelaire parle du Miracle d’une prose poĂ©tique, musicale sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtĂ©e pour s’adapter aux mouvements de l’ñme, aux ondulations de la rĂȘverie, aux soubresauts de la conscience. »[7] Dans le poĂšme en prose le jeu des strophes reproduit celui de la disposition des objets ou des motifs ». Cette disposition sert de principe d’énonciation et de dĂ©ploiement du poĂšme ».[8]Ces poĂšmes prĂ©sentent Ă  la fois une discontinuitĂ© des fragments et une unitĂ© du tout poĂ©tique. Ainsi, d’un point de vue gĂ©nĂ©rique la poĂ©ticitĂ© du texte est constituĂ©e par 1 les effets descriptifs et allĂ©goriques et non par la narrativitĂ© linĂ©aire ; 2 l’importance accordĂ©e aux images qui sont au cƓur de l’unitĂ© organique et de l’autonomie du poĂšme ; 3 l’emploi des licences poĂ©tiques comme vĂ©ritables figures ou effets poĂ©tiques et 4 la rĂ©fĂ©rence aux grands thĂšmes de la modernitĂ©, en particulier de la ville, l’imaginaire et les objets, les choses » de la vie courante.[9] La fenĂȘtre est associĂ©e Ă  la ville. Elle est un reflet de cet espace foisonnant et paradoxal de la modernitĂ© qu’est la grande ville ».[10]La fenĂȘtre est le point de dĂ©part de la rĂ©flexion du narrateur sur la ville. Celle-ci est au cƓur de la modernitĂ© qu’il ressent comme le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitiĂ© de l’art, dont l’autre moitiĂ© est l’eternel et l’immuable. »[11]Les vagues de toits » dans Les fenĂȘtres » dĂ©peignent l’expĂ©rience moderne de la grande ville, l’anonymat et l’indiffĂ©rence qui la caractĂ©risent.[12]C’est par-delĂ  les vagues de toits » que le poĂšte aperçoit une femme mĂ»re, ridĂ©e dĂ©jĂ , pauvre, toujours penchĂ©e sur quelque chose, et qui ne sort jamais. » Cette vieille femme rappelle la bonne vieille » du poĂšme Le dĂ©sespoir de la vieille » qui se retira dans sa solitude Ă©ternelle ».[13] La poĂ©sie de la ModernitĂ© inaugurĂ©e par le poĂšte est donc celle d’un regard Ă  la fois sur la ville et ses habitants. C’est dans ce sens que le poĂšme en prose de Baudelaire constitue une rĂ©volution et ouvre une voie nouvelle dans l’art de la poĂ©sie. Baudelaire a l’ambition de faire du poĂšme en prose la forme par excellence de la poĂ©sie moderne et urbaine ».[14] Les poĂšmes en prose, dans l’esprit de Baudelaire, restent toutefois dans la continuitĂ© de son Ɠuvre poĂ©tique. On trouve de nombreux doublets entre les poĂšmes versifiĂ©s et les poĂšmes en prose tels que Les CrĂ©puscules du soir » ou encore l’Horloge » qui portent des titres identiques pour chaque poĂšme. Cette continuitĂ© se vĂ©rifie donc au niveau de la thĂ©matique des poĂšmes en prose. En comparant l’Invitation au voyage » dans sa version versifiĂ©e et dans les petits poĂšmes en prose, on trouve une trĂšs large communautĂ© d’inspiration avec la reprise dans la prose des principaux rĂ©seaux thĂ©matiques du poĂšme en vers ».[15]Les petites vieilles » rampent ou trottent dans les plis sinueux des vieilles capitales » ; elles cheminent Ă  travers le chaos des vivantes citĂ©s ».[16] Les fenĂȘtres » reprend le thĂšme de la vieille dame ; le narrateur refait l’histoire de cette femme ». Analyse du poĂšme Structure Les FenĂȘtres » de Charles Baudelaire est un poĂšme de prose composĂ© de cinq courts paragraphes. Deux paragraphes monophrastiques se trouvent entre les deuxiĂšme et cinquiĂšme paragraphes. L’observateur nous convie Ă  une mĂ©ditation sur le sens d’une existence et de ses souffrances. Dans le premier paragraphe l’auteur part du rĂ©el une fenĂȘtre Ă©clairĂ©e d’une bougie. Le paragraphe suivant nous fait dĂ©couvrir une femme mĂ»re » et la lĂ©gende » de sa vie. Dans ce deuxiĂšme paragraphe et les trois qui suivent le poĂšme est Ă©crit Ă  la premiĂšre personne. Le poĂšme devient plus personnel. Ce n’est plus quelqu’un d’anonyme qui regarde dans ce trou noir ou lumineux » mais un narrateur homodiĂ©gĂ©tique. Le dernier paragraphe s’adresse au lecteur et le fait participer Ă  l’expĂ©rience, Ă  la rĂ©flexion de l’observateur. ThĂ©matique Les thĂšmes dominants du poĂšme sont ceux de la vision, la vie, la lumiĂšre, la souffrance.[17] Le poĂšme manifeste une prĂ©dilection pour les contrastes. Contrastes entre ce qui est tĂ©nĂ©breux et ce qui est Ă©blouissant ; entre ce qu’on peut voir au soleil et ce qui se passe derriĂšre une vitre. Contrastes entre la vie et la femme ridĂ©e ; entre ce qui est Ă©blouissant et le trou noir ; entre la vie et la souffrance. Les antithĂšses abondent dĂšs le premier paragraphe fenĂȘtre ouverte/fenĂȘtre fermĂ©e ; tĂ©nĂ©breux/Ă©blouissant ; ce qu’on peut voir au soleil/ ce qui se passe derriĂšre une vitre ; trou noir ou lumineux. La fenĂȘtre du poĂšme est un objet mystĂ©rieux » et fĂ©cond ». Les antithĂšses nous font entrevoir un mystĂšre qui se cache derriĂšre la fenĂȘtre. Dans trou noir ou lumineux », l’antithĂšse est marquĂ©e au moyen de la coordination ou ». Les contrastes aident le lecteur Ă  suivre une progression de la fenĂȘtre ouverte Ă  celle qui est fermĂ©e ; de la femme mĂ»re Ă  sa lĂ©gende ; de la lĂ©gende Ă  ce qui aide la poĂšte Ă  vivre. Dans le premier paragraphe, la fenĂȘtre » devient une vitre » derriĂšre laquelle vit la vie, rĂȘve la vie, souffre la vie ». Le mot vitre » permet la transition dans la progression du poĂšme vers ce qui est plus intĂ©ressant ». On peut noter l’allitĂ©ration en v » qui accompagne cette transition. A partir du deuxiĂšme paragraphe le mot fenĂȘtre » n’apparaĂźt plus. Toute l’attention se porte sur la femme mĂ»re ». L’observateur est Ă  prĂ©sent celui qui aperçoit cette femme, qui refait son histoire et se la raconte Ă  lui-mĂȘme. La vieillesse, la pauvretĂ© et la solitude d’une femme ou d’un pauvre vieux homme » constituent une lĂ©gende et nourrissent l’imagination du poĂšte. La lĂ©gende de la femme mĂ»re fait pleurer le poĂšte ; il participe Ă  sa souffrance. Le texte offre un contraste entre le moi » ou moi-mĂȘme » du poĂšte et d’autres que moi-mĂȘme », entre la rĂ©alitĂ© placĂ©e hors de lui et son ĂȘtre intime. Dans le dernier paragraphe le narrateur fait intervenir le lecteur. Ce dernier se pose la question de la vĂ©racitĂ© de la lĂ©gende. La rĂ©ponse du poĂšte fait encore appel au contraste, Ă  l’antithĂšse. Cette lĂ©gende placĂ©e hors du poĂšte l’aide pourtant Ă  vivre, Ă  savoir qu’il existe et ce qu’il est. C’est ce qui importe et non la vĂ©racitĂ© de la lĂ©gende. La premiĂšre partie du poĂšme coĂŻncide avec le premier paragraphe. Elle est marquĂ©e par la rĂ©pĂ©tition du mot fenĂȘtre ». Les trois premiĂšres phrases de ce paragraphe sont comparatives. Elles utilisent les trois comparatifs autant », plus » et moins ». Le comparatif plus » dans la deuxiĂšme phrase est rĂ©pĂ©tĂ© Ă  quatre reprises. Ce type de rĂ©pĂ©tition ressemble Ă  l’anaphore. Dans ce cas il s’agit plutĂŽt de reduplications en dĂ©but de syntagmes et qui crĂ©ent des parallĂ©lismes et un effet d’insistance. Dans le premier paragraphe, l’insistance se porte sur le pouvoir Ă©vocateur de la fenĂȘtre Ă©clairĂ©e d’une chandelle ». Dans la premiĂšre phrase le thĂšme de la vision s’appuie sur les verbes regarder et voir. La rĂ©pĂ©tition du mot plus » dans la deuxiĂšme phrase fournit Ă  ce premier paragraphe une bonne part de sa poĂ©ticitĂ© ; cette structure syntagmatique crĂ©e un effet de progression avec une sĂ©rie d’homophonies – profond »/ fĂ©cond »/ mystĂ©rieux »/ tĂ©nĂ©breux ». Elle se renforce sur le plan sĂ©mantique de ce qui est profond et mystĂ©rieux, tĂ©nĂ©breux, vers ce qui est Ă©blouissant. La troisiĂšme phrase remplace le mot fenĂȘtre » par un de ses mĂ©tonymes vitre ». Mais cette vitre est aussitĂŽt dĂ©crite par la mĂ©taphore d’un trou noir ou lumineux ». Le premier paragraphe offre une transition entre la fenĂȘtre », la vitre », le trou noir ou lumineux » puis la vie ». La fenĂȘtre est une vitre », le reflet de la vie. Les allitĂ©rations des mots vitre » avec vit » et vie » contribuent Ă  cette progression. L’opposition polaire entre tĂ©nĂ©breux » et Ă©blouissant » se retrouve dans la derniĂšre phrase de ce paragraphe trou noir ou lumineux ». La vie apparaĂźt Ă  travers un objet qui est Ă  la fois tĂ©nĂ©breux et Ă©blouissant et un trou noir et lumineux ». Le second paragraphe dĂ©crit Ă  la premiĂšre personne cette vision qui Ă©merge de la fenĂȘtre. DĂšs la premiĂšre phrase l’observateur aperçoit une femme mĂ»re ». Alors que les vagues de toit » Ă©voquent le mouvement, la femme est dĂ©crite comme un ĂȘtre immobile. En outre, l’observateur voit maintenant les choses de plus haut, depuis les vagues de toit ». Le poĂšme oppose le mouvement de la ville Ă  l’immobilitĂ© de la vieille femme toujours penchĂ©e sur quelque chose » et qui ne sort jamais ». Trois mots dĂ©crivent l’état de la vieille femme elle est ridĂ©e », pauvre » et penchĂ©e avec ridĂ©e » en antĂ©position par rapport Ă  dĂ©jĂ  ». La triple rĂ©pĂ©tition de la prĂ©position avec » rappelle la structure de la deuxiĂšme phrase au premier paragraphe. Cette structure produit un effet de parallĂ©lisme interphrastique et d’insistance. Ces reduplications dans les deux paragraphes contribuent Ă  la cohĂ©rence formelle du texte et donc Ă  sa poĂ©ticitĂ©. Cette reduplication focalise sur le visage, puis sur le vĂȘtement et le presque rien » qui permettent de refaire l’histoire de cette femme ». Dans le poĂšme nous sommes donc passĂ©s d’une fenĂȘtre, un trou noir », Ă  un visage et d’un visage Ă  une histoire. La vision permet au poĂšte de refaire l’histoire de cette femme. Cette histoire est sombre puisque le poĂšte pleure lorsqu’il se la raconte Ă  lui-mĂȘme. L’imaginaire occupe une place importante puisque c’est le narrateur qui refait » l’histoire de cette femme avec presque rien ». En outre, il ne s’agit pas simplement d’une histoire mais d’une lĂ©gende. Une vieille femme ridĂ©e et qui ne sort jamais devient le sujet qui permet au poĂšte d’imaginer, de crĂ©er toute une lĂ©gende. Dans la phrase qui suit l’auteur nous assure que l’histoire imaginaire qu’il se refait pourrait tout aussi bien ĂȘtre celle d’un vieux homme ». Le fait qu’il s’agit d’un vieux » et non d’une vieille est accentue par la libertĂ© de ne pas Ă©crire vieil homme » mais plutĂŽt vieux homme ». DĂšs le mot vieux » les allitĂ©ration en v » nous ramĂšnent aux thĂšmes essentiels du premier paragraphe vitre », vit », vie » et annoncent les thĂšmes qui suivent vĂ©cu », vraie », vivre ». La phrase qui suit est une conclusion. Tout ce qui prĂ©cĂšde se rapporte au thĂšme de la souffrance inhĂ©rente Ă  la vie. L’observateur a su voir par-delĂ  la fenĂȘtre, le trou noir ». Il trouve une satisfaction, une fiertĂ©, Ă  avoir souffert Ă  travers la vision de la vieille. Cette vision l’a aidĂ© Ă  vivre. Finalement le poĂšme s’adresse au lecteur et lui attribue une question sur la vĂ©racitĂ© de cette lĂ©gende. Cette question vient du fait que l’imaginaire a jouĂ© un rĂŽle important dans la fabrication de cette lĂ©gende. La rĂ©ponse du poĂšme est que la vĂ©racitĂ© n’est pas ce qui prime. La rĂ©alitĂ© placĂ©e hors du poĂšte n’est pas ce qui importe mais plutĂŽt le fait qu’elle l’a aidĂ© Ă  vivre. Cette derniĂšre phrase confirme ce qu’annonce le premier paragraphe ce qu’on voit Ă  travers une fenĂȘtre fermĂ©e est plus profond, plus Ă©blouissant, plus intĂ©ressant que ce qu’on voit Ă  travers une fenĂȘtre ouverte. Le trou noir est devenu un trou lumineux. L’observateur est Ă  prĂ©sent Ă©clairĂ© sur un mystĂšre ; il est Ă  prĂ©sent dĂ©tenteur d’une lĂ©gende qui l’aide Ă  vivre. La vision de la vieille a aidĂ© l’observateur Ă  mieux sentir sa propre existence, sa propre personne. CHAPITRE 3 PRESENTATION ET ANALYSE DU POEME DE STEPHANE MALLARME Les FenĂȘtres » par StĂ©phane MallarmĂ© Introduction StĂ©phane MallarmĂ© Ă©crit les FenĂȘtres » en 1863 au dĂ©but de sa carriĂšre, Ă  l’ñge de 21 ans. Baudelaire rĂ©dige son poĂšme les fenĂȘtres » la mĂȘme annĂ©e. Le poĂšme de MallarmĂ© sera ensuite publiĂ© le 12 mai 1866 dans la onziĂšme livraison du Parnasse Contemporain. Dans la prĂ©sente Ă©tude nous basons notre analyse sur le texte publiĂ© dans Album de vers et prose 1887-1888.[18] Analyse Structure Le poĂšme est rĂ©digĂ© dans une langue claire, dĂ©nuĂ©e de l’hermĂ©tisme propre Ă  MallarmĂ©. De forme trĂšs classique le poĂšme est composĂ© de dix quatrains Ă©crits en alexandrins. Les rimes du poĂšme sont croisĂ©es et sont pauvres. Le poĂšme suit la rĂšgle classique de l’alternance de rimes fĂ©minines et masculines ; par exemple fĂ©tide/vide et rideaux/dos 1Ăšre strophe. Les cinq premiers quatrains dĂ©peignent un moribond qui s’efforce de voir du soleil » en collant son visage aux fenĂȘtres de son hĂŽpital. Dans les cinq quatrains qui suivent le narrateur s’accroche » aux fenĂȘtres et se mire » en elles pour y voir l’Infini. Cependant, les fenĂȘtres constituent un obstacle. Le narrateur se projette par le rĂȘve et l’imaginaire au-delĂ  de cet obstacle. Mais, en fin de compte, il reste prisonnier du rĂ©el. Le texte est empreint de tristesse, d’amertume. La vitre » qui produit une sĂ©paration entre le monde rĂ©el et l’idĂ©al en est un exemple Est-il moyen, ĂŽ Moi qui connais l’amertume, D’enfoncer le cristal par le monstre insultĂ©, Selon BĂ©nichou, le poĂšme frappe par la virulence de son pessimisme ».[19]Lorsqu’il envoie le manuscrit Ă  son ami Cazalis, MallarmĂ© lui adresse une lettre dans laquelle il affirme illustrer par ce poĂšme sa conviction selon laquelle le bonheur ici-bas est ignoble [
] J’ai fait sur ces idĂ©es un petit poĂšme, Les FenĂȘtres, je te l’envoie. »[20] Analyse Le lexique dĂ©veloppe principalement quatre thĂšmes 1/ La religion et le religieux.[21] 2/ Le malheur et la souffrance.[22] 3/ La beautĂ©, l’art, la lumiĂšre.[23]4/ Le corps humain. [24] Les cinq premiers quatrains dĂ©crivent le moribond de l’hĂŽpital. Les cinq quatrains qui suivent sont Ă©crits Ă  la premiĂšre personne. Le narrateur dĂ©peint son dĂ©goĂ»t d’une existence qui se heurte aux contraintes d’Ici Bas ». Selon BĂ©nichou le vieux moribond des FenĂȘtres et MallarmĂ© font une fraternitĂ© ». Il ajoute que l’hĂŽpital n’est pas une figure symbolique de la vie, c’en est une variante ».[25] [...] [1]Au cours d’une prĂ©sentation en classe du poĂšme de Marie Krysinska, le professeur Michel Sirvent me fit remarquer l’existence des trois autres poĂšmes sur le thĂšme des fenĂȘtres » ainsi que leur hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© formelle et comment l’étude de ces poĂšmes pouvait constituer le thĂšme d’un mĂ©moire de MaĂźtrise. Je dois donc au professeur Sirvent l’idĂ©e de ce mĂ©moire. [2]Nous nous rĂ©fĂ©rons, en particulier, Ă  l’article de RenĂ©e Linkhorn, Les fenĂȘtres propos sur trois poĂšmes.” French Review 1971 513-522. [3]Claude Pichois, Baudelaire, oeuvres complĂštes I Paris NRF Gallimard, 1977 339. Le poĂšme est reproduit en annexe de cette thĂšse. [4]Dominique RincĂ©, Baudelaire et la modernitĂ© poĂ©tique Paris Presses Universitaires de France, 1996 98. [5]RincĂ© note que L’histoire des proses du Spleen de Paris se confond avec celle des difficultĂ©s que Baudelaire rencontra pour en assurer la publication dans les revues de l’époque. » Ibid. 99, 96. [6]Ibid. 9. [7]Pichois, Baudelaire, 275-276. [8]Dominique RincĂ©, Bernard Lecherbonnier, LittĂ©rature textes et documents, XIXe siĂšcle Paris Nathan, 1986 405. [9]Ibid. 405. [10]Ibid. 404. [11]Pichois, Baudelaire, xviii. [12]JĂ©rĂŽme ThĂ©lot, Baudelaire violence et poĂ©sie Paris Gallimard NRF, 1993 74. [13]Pichois, 277-278. [14]RincĂ©, Lecherbonnier, LittĂ©rature, 401. [15]RincĂ©, Baudelaire, 101. [16]Pichois, Baudelaire, 89-91. [17]La vision regarde », voit », voir », j’aperçois ». La vie fĂ©cond », vit la vie », rĂȘve la vie », souffre la vie », vĂ©cu », aidĂ© Ă  vivre ». La lumiĂšre Ă©blouissant », Ă©clairĂ©e », chandelle », soleil », trou lumineux ». La souffrance pauvre », en pleurant », souffert ». [18] Album de vers et de prose fut publiĂ© par Librairie Universelle, Paris 1887-1888. Cette version du poĂšme se trouve aussi dans les ƒuvres ComplĂštes, Editions Gallimard, Paris 1998, p. 117. Elle est reproduite en Annexe de cette Ă©tude. Le 3 juin 1863, Ă  l’ñge de 21 ans, StĂ©phane MallarmĂ© envoie le poĂšme Les FenĂȘtres » Ă  son ami Cazalis. En 1866 MallarmĂ© partage avec son ami Cazalis la onziĂšme livraison du Parnasse Contemporain. Bertrand Marchal. StĂ©phane MallarmĂ© 1842-1898, ƒuvres ComplĂštes Paris Gallimard, 1998 XLIX. Paul BĂ©nichou note que les versions connues de ce poĂšme, manuscrites et imprimĂ©es, s’étendent sur toute la carriĂšre de MallarmĂ© ; il y a relativement peu de variantes dans ce long parcours ; mais certaines sont notables. » Paul BĂ©nichou, Selon MallarmĂ© Paris Gallimard, 1995 69. Parmi les variantes les plus notables de ce poĂšme on trouve, Ă  l’origine, au vers 37, la mention de Dieu Est-il moyen, mon Dieu, qui savez l’amertume ». En outre, dans le Parnasse Contemporain de 1866 le verbe savoir » est changĂ© en voir . Puis, en 1887 dans la Revue IndĂ©pendante, apparaĂźt la variante ĂŽ Moi, qui connais l’amertume. » [19]BĂ©nichou, Selon MallarmĂ©, 69. [20]Bertrand Marchal, StĂ©phane MallarmĂ© Correspondance complĂšte 1862-1871 Paris Gallimard, 1995 144. [21] L’encens » vers 1, le crucifix » vers 3, les saintes huiles » vers 13, bĂ©ni » vers 26, Ă©ternelles » rosĂ©es vers 27, l’Infini » vers 28, ange » vers 29, la mysticitĂ© » vers 30, Ici-bas » vers 29, l’éternitĂ© » vers 40. [22] triste hĂŽpital » vers 1, le moribond », un vieux dos » vers 4, se traĂźne », sa pourriture » vers 5, baiser amer » vers 12, le lit infligĂ© » vers 14, la toux » vers 15, dĂ©goĂ»t » vers 21, ordure » vers 23, je meurs » vers 29, vient m’écƓurer » vers 34, vomissement » vers 35, l’amertume » vers 36. [23] soleil » vers 6, beau rayon clair » vers 8, les tiĂšdes carreaux d’or » vers 12, de lumiĂšre gorgĂ© » vers 16, belles comme des cygnes » vers 17, l’éclair fauve » 19, l’art » 30, portant mon rĂȘve en diadĂšme » vers 31, au ciel antĂ©rieur oĂč fleurit la BeautĂ© » vers. 32, le cristal » 38. [24] vieux dos » vers 4, pourriture » vers 5, poils blancs et os de la maigre figure » vers 7, bouche fiĂ©vreuse » vers 9, jeune » vers 10, peau virginale et de jadis » vers 11, son Ɠil » vers 6, la femme allaitant ses petits » vers 24, l’épaule » vers 26, me boucher le nez » vers 36, mes deux ailes » vers 39. [25]BĂ©nichou, Selon MallarmĂ©, 69.

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